Article Midi Libre: Paris Alger Bouzeguene est sorti hier

Midi Libre
Midi Libre

« Cheikh Sidi Bémol, de son vrai nom Hocine Boukella pousse encore plus loin ses recherches rythmiques et sonores, développant sa maîtrise et son sens harmonique, jusqu’à fusionner en un ensemble complexe des mélodies en tous genres. Il est l’impétueux virtuose, mêlant et défaisant le temps, les mythes et les lieux ! Modernité, folklore, gnawi, chaâbi, rock, blues, celte s’y confondent. Le voyage à travers les musiques se double d’un voyage à travers les langues algériennes (arabe dialectal et kabyle) et internationales (français et anglais). Les textes poétiques, sarcastiques ou critiques, interpellent par leur profondeur ou vigueur. Composé de 10 chansons, le nouvel album est une ballade entre les paysages européens et les montagnes kabyles via les dunes sahariennes.
Oussan (Les jours) est le titre de la première chanson qui se veut une note nostalgique évoquant le père du chanteur Mohand Saïd Boukella. Flûte et violon et bendirs entraînent sur les sentiers de la nostalgie de l’enfance et des pleurs sur le temps qui passe et qui fait graver les rides sur les visages.
Puis vient Swa-swa (Tout à fait) un morceau de pur rythme kabyle surfant sur des notes de guitare antillaise. C’est le sourire des filles cette fois-ci qui recrée l’ambiance féérique d’un village tapi au pied du Djudjura.
Bémol enchaîne avec Timimoun un morceau de musique berbère zenète. Du pur plaisir avec les sons de guitare et de tbal (percussions) pour honorer la mémoire des gens du Gourara qui ont crée l’Ahellil.
Telha (Elle est belle), un trio se partagent cette chanson : Abdennour Djemaï, Hicham Takaoute et Hocine Boukella. Le prélude, en arabe, fait allusion à un voyage sur barque qui pourrait laisser croire qu’il s’agit de harragas, mais le morceau bifurque sur une histoire de jeune fille à la fontaine sur des airs de banjo.
Le morceau suivant Tchina (Orange) est une reprise d’une ancienne chanson de Hocine Boukella. C’est de la musique traditionnelle écossaise déclinée suivant le mode chaâbi avec un renversement ternaire.
Suit après Boudjeghlellou (Escargot) un morceau qui se joue suivant le style des Abranis, le groupe de rock kabyle bien connu des années 70. Un membre de ce groupe mythique y participe, il s’agit de Karim Branis.
La chanson Bouzeguene du nom d’un gros village kabyle tisse une trame faite de musique classique, enfin presque. Cordes et claviers et un solo guitare y font revivre le rythme d’une marche des Idebbalen (tambourineurs).
On saute ensuite à un autre sujet. Magali & Moqran nous transporte en Bretagne sur un air de cornemuse joué au violon et à la flûte.
On en vient à Trig Stif (Route de Sétif) sur un air chaoui, et on termine avec Win a Win (Où, où ?) qui s’interroge sur ce qui est advenu des illusions de notre enfance sur un air blues avec un thème instrumental mêlant saxophone banjo et violon.
 »
L. G. Midi Libre, 22 mars 2010