Biographie de Sidi Bemol

Sidi Bemol photo Frank Loriou
Sidi Bemol photo Frank Loriou

Hocine Boukella, futur Sidi Bemol, naît à Alger en 1957. Il grandit dans le quartier de Belcourt.
Dans les années 80, il étudie la biologie à l’université de Bab Ezouar, tout en taquinant la guitare et la plume. Il évolue dans les milieux underground où les musiques maghrébines novatrices sont en gestation ; il réalise ses premières bandes dessinées, mais ses planches sont clouées au pilori par une censure frileuse.
En 1985, il débarque à Paris pour un doctorat de génétique des populations mais en 1988, après les manifestations d’octobre à Alger, il décide de quitter le monde de la science pour se consacrer à l’art.
Il publie des dessins de presse dans diverses revues en France et en Algérie, il dessine des affiches, des pochettes d’albums, il participe à des expositions et il multiplie les petits boulots.
Avec des compagnons de galère, il monte un groupe de rock « qui fait plus de chantiers que de concerts ». Il a des problèmes de papiers et connaît une éprouvante période de clandestinité.
En 1997, il créé et dirige l’Association L’Usine à Arcueil, avec des amis artistes, la plupart algériens fraîchement débarqués. Ce collectif occupe et gère un immeuble transformé en locaux de répétition et enregistrement, et en ateliers de graphistes. Le lieu devient vite un point de ralliement incontournable pour la scène algérienne de paris, et un laboratoire de création artistique où mûriront de nombreuses expériences musicales des années 2000 : Orchestre National de Barbès, Gaâda Diwane de Bechar, Mad in Paris, Raï kum, Thalweg…

En 1998, il sort enfin son premier album : « Cheikh Sidi Bemol » mélange inimitable de musiques traditionnelles et de guitares électriques. Il publie ensuite un album « Live à Alger » enregistré au festival Bledstock, puis les albums « El Bandi » et « Gourbi Rock » qui connaîtront un beau succès en Algérie.
Ces premiers disques marquent par l’originalité d’un style nouveau, mêlant blues, rock et musiques du terroir (gnawi, chaabi, kabyle, etc.) en une synthèse tonique et bourrée d’humour.
En 2007, l’aventure L’Usine prend fin et Sidi Bemol se consacre pleinement à CSB Productions, un label qu’il a créé pour être libre de créer et de produire sa musique et celle des copains, (aujourd’hui ce label regroupe une dizaine d’artistes).
Une nouvelle période commence, celle de l’expérimentation tous azimuts.
Avec la complicité du poète kabyle Ameziane Kezzar, Hocine Boukella revisite des chants marins glanés aux quatre coins du globe pour les adapter en kabyle. Deux albums sont publiés, « Izlan Ibahriyen vol. I et II (Chants Marins Kabyles, 1 et 2) ».
En 2010, il retourne sur les terres de la musique celtique qu’il avait déjà explorées avec Thalweg dix ans plus tôt et qu’il mixe joyeusement avec les airs kabyles, chaâbis et chaouis dans un album hommage aux trois villes qui l’ont nourri culturellement : « Paris Alger Bouzeguène », la troisième étant la ville d’origine de ses parents.

En 2014, il réunit des jeunes jazzmen fraîchement diplômés du CMDL avec des musiciens gitans du Radjasthan pour enregistrer l’album « Afya ».
En 2017, il créé au Théâtre Antoine Vitez, un conte musical intitulé « L’Odyssée de Fulay », spectacle à mi-chemin entre théâtre et concert, mis en scène par Ken Higelin.
Hocine Boukella n’a jamais cessé son travail de dessinateur. Il a publié plusieurs recueils de dessins et ses œuvres sont visibles sur son blog : « Le Zembrek ».
Avec son nouvel album « Chouf ! », (Regarde!), dédié à la révolution du sourire et à la jeunesse algérienne, Sid Bemol retourne à ses premières amours : les rythmiques traditionnelles colorées de blues et de rock.