Article l’Expression: Musique fusion du Rajastan au Tchad

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LE CYCLE «Gitans, origines» s’est clôturé jeudi en beauté et harmonie combinant à la fois les mélodies indiennes au tempo africain, mêlées au son nouveau de cheikh Sidi Bémol.

Le cycle «Gitans, origines» deuxième genre qui entre dans le cadre de l’événement « Des racines et des ailes » s’est poursuivi mercredi et jeudi dernier. Apres Gypsy Connexion qui s’est produit mardi soir à Ibn Zeydoun devant une salle comble,  place mercredi dernier à Cheikh Sidi Bémol qui s’est produit avec une nouvelle  formation des plus explosives.
Hocine Boukella, alias Sidi Bémol, qui poursuit ses  explorations artistiques, proposait ainsi un mariage musical inédit. Avec Damien  Fléau (sax) et Clément Janinet (violon), qui l’ont accompagné sur son album  «Paris-Alger-Bouzeguène», le chanteur algérien a dressé des passerelles entre les répertoires tzigane, amazigh et swing-jazz. C’est par le morceau des plus connus de son répertoire Tchinna qu’il inaugurera son concert avant de donner le la à ce nouveau groupe donnant à écouter un style musical différent, résultat d’une  expérience musicale jusque là la plus aboutie de son riche parcours. Hocine Boukela revisitera aussi lors de ce périple musical plusieurs titres de ses anciens albums sans oublier d’interpréter ses morceaux légendaires tels Makan oualou Kheir Men  lamour et El Bandi. Alho invitera à se produire avec lui sur scène le groupe du  Rajastan et lui fera apprendre et répéter en symbiose avec le public le fameuse Janitou entonné en choeur par l’assistance. Un moment fort sympathique. Solennel.
Ce soir-là, Cheikh Sidi Bémol et son quintet de jazz (B. Medrykowski à la guitare, M. Fléau à la batterie, J. Rollet-Gérard à la basse et contrebasse, en plus des deux précités) s’est produit en guichet fermé, tant la réputation d’Alho l’a  précédé… Le cycle «Gitans, origines » s’est achevé jeudi avec Dhabi. On prend les mêmes, soit les meilleurs et on recommence. Ce sont les mêmes artistes qui se sont  produits mardi dernier qui reviendront cette fois–ci pour épouser les sons de l’Afrique et plus particulièrement du Tchad. La première partie du concert est  emmenée ainsi par le groupe de Amrat Hussein qui, fidèle à son jeu de scène,  envoûtera le public par ses complaintes spirituelles avant de céder la place en deuxième partie aux musiciens tchadiens. Notons que l’intro se fera en a capella  entre les deux formations. La musique africaine possède un relent bluezy un peu entraînant, toutefois la sauce tarde à prendre avec les Tchadiens. Un peu timide au  début, le public se laisse transporter petit à petit quand les musiciens  parviennent à rompre la glace avec ce dernier et le faire participer au spectacle en s’adonnant notamment à la « danse du dromadaire ».
Chanter l’Afrique a été le propre de ce groupe qui a non seulement chanté mais dansé tout en incitant le  public à bouger, bref à faire la « fête dans le village ». Les Indiens arrivèrent sur scène pour accorder leurs violons avec ceux des Africains et interpréter en  symbiose des morceaux qui feront lever de leurs chaises enfin les spectateurs… «Une musique où l’Inde s’africanise et où l’Afrique s’indianise», nous dit-on. Une fusion afroindienne mélangeant les deux sonorités, abolissant l’espace d’un instant les frontières en explorant une nouvelle géographie hybride faite de mélodies mixtes et de chaleur d’ici et d’ailleurs. Ils chanteront chacun dans sa langue simultanément donnant à écouter un cocktail de musique bien original, rendant hommage à l’Afrique et à la mère combinée, celle-ci correspondant à l’autre symboliquement.
Le clou de la soirée fut l’arrivée sur scène de Cheikh Sidi Bémol, qui, venu sans guitare, interprétera un morceau kabyle accompagné qu’il était par les rythmes endiablés des pays qui l’entouraient. Une jam session approximative mais entraînante, histoire de se faire plaisir et s’amuser tout simplement. On croirait le concert fini mais cela repend de plus belle avec la venue de la danseuse  indienne dans une nouvelle tenue des plus bigarrées. Celle dernière s’était produite cette soirée-là en reprennant le même numéro par lequel elle avait subjugué les spectateurs, mardi dernier, grâce à l’agilité de son corps à se contorsionner et à tourner comme les derwiches tourneurs avec grâce et sensualité. Et ce n’est pas fini ! les amateurs de la bonne musique, l’Aarc vous promet de revenir incessamment avec une nouvelle programmation et des surprises. En effet, le mois d’avril connaîtra un cycle dédié au jazz tandis que le mois de juin clôturera l’événement de l’année en beauté avec un spécial luth. O. H.