Article Le Jeune Indépendant: El-Bandi commet un nouvel opus

Jeune Independant
Jeune Independant

Après «Les chants des marins kabyles», voilà que Cheikh Sidi Bémol, de son vrai nom Hocine Boukella, signe son septième opus intitulé «Paris-Alger-Bouzeguène». Un album groove berbéro-celtique dans lequel nous pouvons retrouver les divers styles musicaux qui ont fait la renommée internationale de l’artiste.

«Paris-Alger-Bouzeguène» contient onze titres entre chansons et morceaux instrumentaux, dont deux remakes. Le style de Hocine Boukella, alias Cheikh Sidi Bémol, se révèle dans toute sa splendeur dans ce nouvel opus, bien qu’il soit rythmiquement plus proche de l’album «Thalweg» berbéro-celtique, sorti en 2001. Musicalement, l’artiste s’affirme encore une fois comme un instrumentaliste de génie. Il y a de la recherche, de la passion et beaucoup de liberté dans le choix des sonorités. Les paroles, elles, sont fidèles au répertoire bémolien : la dérision, l’allégorie, la nostalgie et l’amour sont les éléments caractéristiques de ce nouvel album. Mais la nouveauté que nous apporte ce septième opus, c’est certainement ce voyage auquel nous convie l’artiste ; un pèlerinage mélomane allant de Paris à Alger, de la Bretagne à la Kabylie, et de l’Irlande au Sahara.
On y apprécie également un sublime duo avec Karim Branis, le leader du mythique groupe de rock Les Abranis, dans une chanson intitulée Boudjeghlelou (l’Escargot) et composée à la manière des Abranis. La puissance purement rock de Karim, accouplée à la virtuosité musicale de Cheikh Sidi Bémol font de cette chanson l’une des plus hallucinantes de l’album, notamment grâce à un solo de guitare fidèle au chorus rock des années 1970.
Deux anciennes chansons sont revisitées dans «Alger-Paris-Bouzeguène» : Tchina et Win a win. La première est une superbe allégorie sociopolitique, où la dérision et le deuxième degré, chers à l’artiste, prennent tout leur sens. Sortie dans l’album «Thalweg», elle est ici remaniée rythmiquement, avec des voix caverneuses en guise d’intro et une cadence beaucoup plus accélérée. Pour ce qui est de Win a win, issue du même album, c’est avant tout les paroles qui font d’elle l’une des plus belles oeuvres du chanteur. La nostalgie d’une jeunesse pleine d’espoirs et de rêves fous au lendemain de l’indépendance côtoie, dans ce titre, la déception et la désillusion. L’album «Paris-Alger-Bouzeguène» regorge de poésie, de diversité musicale et de génie sans borne. C’est un Cheikh Sidi Bémol au sommet de sa maîtrise et de sa créativité. Un artiste accompli qui sait aussi bien gratter les cordes d’une guitare que tutoyer la magie d’un poème. Un auteur-compositeur-interprète qui fait partie des valeurs sûres de notre musique actuelle. Son nouvel album sera disponible sur le marché le mois prochain.
Sarah Haidar